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Le niveau des pensions a connu une évolution marquée au fil des générations. En analysant les chiffres publiés par la Drees dans son dernier panorama sur les retraités, une donnée interpelle : les personnes nées en 1953 bénéficient, en moyenne, d’une retraite 24 % plus généreuse que celles nées en 1930, une fois l’inflation prise en compte. Derrière cet écart, plusieurs dynamiques structurelles et réformes législatives ont reconfiguré la physionomie du système de retraite français. Découvrez pourquoi les retraités de 1953 gagnent 24% de plus que ceux de 1930.
Une progression continue des pensions jusqu’à la génération 1947
Entre les générations 1930 et 1953, les pensions brutes de droit direct ont connu une progression nette, tous régimes confondus. En 2020, les retraités nés en 1930 percevaient en moyenne 1 265 euros bruts mensuels, contre 1 570 euros pour ceux nés en 1953, soit un différentiel de 305 euros. Cette augmentation moyenne s’explique d’abord par des transformations profondes du tissu économique et social français sur cette période.
Les générations nées après 1930 ont bénéficié d’un environnement plus favorable, marqué par une généralisation du salariat au détriment du non-salariat historiquement moins couvert, une démocratisation de l’enseignement supérieur ayant entraîné une hausse du niveau de qualification, ainsi que par la montée en puissance, dès les années 1970, des régimes complémentaires obligatoires tels que Agirc et Arrco, entraînant une augmentation des retraites complémentaires.
Ces éléments ont contribué à une trajectoire ascendante des niveaux de pension jusqu’à un point d’inflexion situé autour de la génération 1947.
| Génération | Pension moyenne brute mensuelle (euros, 2020) | Évolution par rapport à la génération précédente |
|---|---|---|
| 1930 | 1 265 | – |
| 1935 | 1 340 | +5,9 % |
| 1940 | 1 426 | +6,4 % |
| 1945 | 1 520 | +6,6 % |
| 1947 | 1 601 | +5,3 % |
| 1950 | 1 585 | -1,0 % |
| 1953 | 1 570 | -0,9 % |
Une inflexion entre les générations 1947 et 1953
Si les pensions ont connu une hausse jusqu’à la génération 1947, une tendance à l’érosion s’amorce ensuite. À titre d’exemple, les personnes nées en 1953 perçoivent en moyenne une pension inférieure à celles de la cohorte 1947.
Plusieurs mécanismes expliquent ce recul :
- l’indexation des pensions de base sur les prix depuis 1987, qui rompt avec une logique de revalorisation sur les salaires
- l’écrêtement progressif du minimum contributif depuis 2012
- l’allongement de la durée d’assurance requise pour une retraite à taux plein, instauré par les réformes de 2003 (loi Fillon) et 2014 (loi Touraine)
- une baisse du rendement des points dans les régimes complémentaires, consécutive aux accords interprofessionnels Agirc-Arrco
- le gel du point d’indice dans la fonction publique, qui a amoindri l’assiette des pensions des fonctionnaires
Autrement dit, si la génération 1953 bénéficie encore des acquis structurels accumulés sur plusieurs décennies, elle est aussi la première à subir de plein fouet les effets des réformes paramétriques et des mesures d’ajustement budgétaire.
Prendre en compte la sélectivité des survivants : l’effet de la mortalité différentielle
Pour appréhender les écarts entre générations avec rigueur, les analystes de la Drees ont mobilisé un concept clé : la mortalité différentielle. Cette notion désigne l’hétérogénéité de l’espérance de vie selon les groupes sociaux, et, de manière corollaire, les différences dans la durée passée à la retraite.
Les retraités les plus âgés observés en 2020, comme ceux nés en 1930, ne sont pas représentatifs de leur génération entière : seuls les individus ayant survécu jusqu’à cette date sont comptabilisés.
Or, cette population tend à être surreprésentée par des profils plus aisés, en meilleure santé, disposant de pensions plus élevées que la moyenne de leur cohorte.
Corriger les données brutes à l’aide de ce prisme permet d’affiner les comparaisons intergénérationnelles. Sans cela, l’écart de pension entre générations aurait pu sembler artificiellement réduit, en raison de la surmortalité des retraités modestes dans les générations anciennes.
Source : https://www.moneyvox.fr/retraite/actualites/104515/pourquoi-la-generation-1953-touche-une-retraite-24-plus-elevee-que-celle-nee-en-1930
Maman d’une petite fille, j’écris sur des sujets liés à la grande distribution, la finance, l’économie et l’investissement.
