Inégalité des retraites : pourquoi 1 500 € d’écarts de pension par mois provoquent-ils la colère des retraités

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Retraité en colère face aux écarts de pension

Alors que l’inflation continue d’éroder le pouvoir d’achat, les inégalités entre retraités apparaissent de plus en plus flagrantes. Selon les données les plus récentes de la DREES, les écarts de pension mensuelle atteignent en 2025 des sommets, dépassant parfois 1 500 € entre les différents régimes. Derrière une pension moyenne brute de 1 661 €, se cachent des réalités sociales contrastées, où certains touchent à peine de quoi vivre tandis que d’autres bénéficient de revenus confortables. Ces disparités alimentent un sentiment d’injustice grandissant et nourrissent la défiance envers un système censé garantir l’équité. Zoom sur les écarts de pension entre les différents régimes de retraite.

Des disparités de pension qui frappent par leur ampleur

Les règles de calcul propres à chaque régime façonnent des écarts considérables. Dans le secteur privé, la pension nette moyenne atteint 1 290 €, loin derrière les fonctionnaires d’État qui perçoivent 1 825 € et les agents de régimes spéciaux dont la rémunération dépasse fréquemment 2 200 €.

Certains affiliés à la CNIEG (EDF/GDF) frôlent même les 3 000 €. À l’opposé, les anciens salariés agricoles relevant de la MSA se contentent de 272 € en moyenne.

Régime ou statutPension moyenne mensuelle (2025)
Salariés du privé1 290 € nets
Fonctionnaires d’État1 825 €
Agents SNCF / RATP2 200 € et plus
CNIEG (EDF/GDF)Jusqu’à 3 000 €
Banque de France2 744 €
Salariés agricoles (MSA)272 €

Ces écarts s’expliquent par les modes de calcul. Dans le privé, la pension repose sur les 25 meilleures années, tandis que dans de nombreux régimes spéciaux, la base de référence correspond aux six derniers mois de salaire.

Ce mécanisme favorise mécaniquement les carrières ascendantes et explique l’ampleur des différences observées.

Des profils professionnels durablement désavantagés

Certaines catégories restent particulièrement pénalisées. Les indépendants – artisans, commerçants ou professions libérales – perçoivent fréquemment moins de 1 000 € mensuels. Malgré des parcours souvent longs et exigeants, leurs cotisations historiquement moins avantageuses pèsent durablement sur leurs droits.

Les écarts de genre renforcent encore ces disparités : les femmes perçoivent 1 306 € bruts de droit direct en moyenne, tandis que les hommes atteignent 2 089 €, soit un différentiel supérieur à 700 €.

Une revalorisation en trompe-l’œil

Si les pensions ont été augmentées de 2,4 % cette année, cette hausse ne compense pas l’augmentation réelle des prix. En euros constants, les pensions reculent de 1,2 % sur un an.

Cette baisse signifie une perte de pouvoir d’achat, particulièrement visible dans les foyers modestes où les dépenses contraintes absorbent l’essentiel du budget.

L’indexation théorique sur l’inflation ne reflète pas la réalité des dépenses quotidiennes, notamment pour l’alimentation, l’énergie ou la santé.

Des écarts de revenus qui nourrissent la colère des retraités

Derrière les statistiques se cachent des trajectoires de vie profondément différentes. Léa, ancienne employée de grande surface, doit se contenter de 1 200 € mensuels. Elle jongle entre ses factures et ses médicaments.

À l’inverse, Thomas, retraité de la SNCF, touche 2 100 € et s’offre des vacances régulières. Ces exemples traduisent des réalités opposées, suscitant un sentiment d’injustice chez ceux qui estiment avoir contribué autant que les autres, sans obtenir les mêmes droits.

Les revendications se multiplient autour de plusieurs axes :

  • Revalorisation des petites pensions et relèvement du minimum contributif
  • Prise en compte des carrières hachées et des parcours atypiques
  • Harmonisation progressive des règles de calcul entre régimes

Pour de nombreuses associations, ces mesures doivent répondre à ce qu’elles qualifient comme la somme qu’il manque aux retraités chaque mois pour vivre décemment, une formule qui traduit l’écart persistant entre pension versée et niveau de vie attendu.

Ces demandes ne visent pas à réduire les pensions les plus élevées mais à garantir un socle minimum permettant à chacun de vivre décemment après une vie de travail.

Le gouvernement a annoncé réfléchir à une nouvelle réforme d’ici 2026. La précédente, entrée en vigueur en 2023, avait repoussé l’âge légal de départ à 64 ans, laissant des traces profondes dans l’opinion publique. Toute évolution future sera scrutée par les retraités, qui attendent désormais des mesures de justice sociale pour atténuer des écarts jugés disproportionnés.

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