Fonctionnaires en colère : leur retraite sera plus courte que les autres et voici pourquoi

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Les fonctionnaires ont une espérance de vie réduite

Ils ont consacré leur vie au service des autres, mais leur retraite est souvent bien plus courte qu’ils ne l’auraient imaginé. Dans la fonction publique territoriale (FPT) et la fonction publique hospitalière (FPH), certains agents voient leur espérance de vie drastiquement réduite après avoir quitté leur poste pour invalidité. Loin de bénéficier d’une retraite paisible, ces fonctionnaires, souvent issus de la catégorie C, doivent affronter des conditions de travail éprouvantes qui fragilisent leur santé sur le long terme. Le poids des années passées à exercer des métiers physiquement exigeants se traduit par un départ anticipé, bien avant l’âge de la retraite à taux plein. Nous faisons le constat de toutes les raisons pour lesquelles les fonctionnaires vont profiter moins longtemps de leur retraite. 

Une longévité réduite par des conditions de travail éprouvantes

Tous les fonctionnaires ne sont pas égaux face à la retraite. L’espérance de vie varie en fonction des missions exercées et des conditions dans lesquelles elles sont accomplies.
Les agents de catégorie C, dont le quotidien est marqué par des efforts physiques intenses et des horaires contraignants, sont particulièrement touchés.

Les métiers les plus éprouvants sont ceux où les agents sont le plus souvent contraints de partir pour invalidité :

  • aides-soignants
  • policiers municipaux
  • agents d’entretien
  • éboueurs…

L’exposition prolongée à des postures contraignantes, aux charges lourdes ou aux agents chimiques accélère l’apparition de pathologies invalidantes, précipitant l’arrêt de travail définitif.

À l’opposé, les agents de catégorie A, majoritairement cadres, évoluent dans un cadre moins exposé aux risques physiques.
Leur travail, davantage sédentaire et intellectuel, leur permet d’atteindre plus sereinement l’âge de la retraite et d’en profiter plus longtemps.

L’étude révèle ainsi que les agents de catégorie C sont quatre à cinq fois plus nombreux que ceux de catégorie A à quitter leur emploi pour invalidité.

Certains métiers permettent de partir à la retraite 2 ans plus tôt comme les conducteurs et agents de surveillance ou encore certains professionnels de santé.

Un écart de cinq ans d’espérance de vie entre les agents invalides et les autres retraités

Les agents mis en invalidité dans la fonction publique présentent une espérance de vie significativement plus courte que leurs collègues bénéficiant d’une retraite vieillesse.

Cette tendance se vérifie aussi bien chez les hommes que chez les femmes, avec des écarts préoccupants :

Type de retraite Espérance de vie à 65 ans (femmes) Espérance de vie à 65 ans (hommes)
Retraite pour invalidité 20,1 ans 14,2 ans
Retraite vieillesse 23,7 ans 19,2 ans
Écart -3,6 ans -5 ans

Une femme partant en retraite pour invalidité à 65 ans vivra en moyenne 3,6 ans de moins qu’une collègue ayant liquidé ses droits dans le cadre d’une retraite vieillesse. Pour les hommes, la différence est encore plus frappante, avec une espérance de vie amputée de cinq ans.

Cette réalité met en évidence une double inégalité : non seulement les agents exposés à des conditions de travail pénibles sont contraints d’arrêter leur carrière plus tôt, mais ils disposent également de moins d’années pour profiter de leur pension.

L’étude démontre que les agents de catégorie C vivent en moyenne trois ans de moins que ceux de catégorie A et deux ans de moins que ceux de catégorie B.

Un lien direct entre la hiérarchie et l’espérance de vie

L’analyse de la Caisse des dépôts révèle une corrélation marquée entre le niveau hiérarchique des fonctionnaires et leur longévité après la retraite. Plus le poste occupé est élevé, plus les conditions de travail sont favorables à une bonne santé à long terme.

Les agents de catégorie A, généralement titulaires de diplômes supérieurs, bénéficient d’un environnement professionnel moins exposé aux contraintes physiques et d’une meilleure prise en charge médicale au fil de leur carrière.

À l’inverse, les fonctionnaires de catégorie C, souvent affectés à des tâches éprouvantes, cumulent fatigue chronique, usure physique et risques professionnels accrus.

Ce constat souligne l’importance d’une réflexion sur l’aménagement des fins de carrière des agents les plus exposés, afin d’atténuer ces écarts et de permettre à ces travailleurs de bénéficier d’une retraite plus digne et plus longue.

Face à ces constats, la question de l’adaptation des conditions de travail et des dispositifs de retraite pour les professions les plus exposées reste entière.