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En septembre dernier, lors du débat sur le projet de loi relatif à l’Emploi intégral à l’Assemblée nationale, une phrase prononcée par le député du Rassemblement national Jocelyn Dessigny a provoqué la colère dans l’hémicycle. Il a suggéré qu’il serait peut-être préférable pour certaines femmes de rester chez elles pour s’occuper de leurs enfants plutôt que de les envoyer dans un programme où elles devront accomplir quinze heures d’activité. Cette petite phrase a suscité de vives réactions, notamment de la part de Sacha Houlié, député de la majorité de gauche, qui y a vu « un exemple quotidien de la duplicité d’un parti d’extrême-droite se prétendant féministe parce qu’il présente une femme aux élections présidentielles ».
Combien vaudrait le travail des mères au foyer si elles étaient payées ?
D’après une étude menée en 2019 par ProntoPro et relayée dans plusieurs médias, si les mères au foyer étaient rémunérées pour leur travail invisible, elles devraient toucher un salaire mensuel d’environ 6400 euros.
Cela représente trois à quatre fois le salaire minimum. En effet, ces femmes assurent, entre autres, le rôle de chauffeur privé pour accompagner leurs enfants à l’école, à la piscine ou encore chez le dentiste; elles sont également auxiliaires de vie scolaire et aides ménagères.
Les différentes tâches quotidiennes réalisées par les mères au foyer sont les suivantes :
- Accompagner les enfants à l’école, aux activités extrascolaires ou aux rendez-vous médicaux;
- Préparer les repas;
- Gérer les courses et les provisions de la maison;
- Entretenir le domicile (ménage, rangement, lessive, etc.);
- Organiser et planifier les activités familiales;
- Aider les enfants dans leur scolarité et leurs devoirs;
- S’occuper des démarches administratives liées à la famille.
Ce travail invisible est pourtant essentiel au bon fonctionnement des familles et à l’épanouissement des enfants.
Si certaines femmes décident volontairement d’arrêter de travailler pour se consacrer pleinement à leur foyer et à l’éducation de leurs enfants, cette situation soulève néanmoins la question de la reconnaissance et de la valorisation de ce travail quotidien qui repose souvent sur les épaules des femmes.
Les enjeux du travail invisible des femmes au foyer
Bien que la volonté de désigner les mères au foyer comme seule alternative pour certaines femmes puisse sembler réductrice, il n’en demeure pas moins que ce débat met en lumière les nombreuses problématiques et inégalités que rencontrent ces femmes.
Le manque de reconnaissance du travail accompli
Comme évoqué précédemment, le travail des mères au foyer n’est souvent ni reconnu, ni valorisé par la société dans son ensemble.
Il semble donc important de rappeler que les tâches domestiques réalisées par ces femmes entrent dans le cadre du bien-être et de l’éducation de leurs enfants.
Une situation économique précaire
Dans un contexte économique difficile et face à l’absence de rémunération pour leur travail invisible, certaines mères au foyer peuvent se retrouver en situation financière précaire.
À titre d’exemple, le montant mensuel de l’aide sociale pour une personne seule sans ressources est de 607,75 euros, 911,63 euros pour un couple sans enfant ou 1 276,29 euros pour un couple avec deux enfants.
Même si le RSA sera revalorisé en 2024, les aides sociales restent faibles par rapport aux dépenses quotidiennes d’une famille.
Pour une mère eau foyer vivant seule, une aide vient s’ajouter au RSA qui est l’allocation de soutien familial qui est de 184.41€ par mois.
Les inégalités homme-femme et la répartition des tâches domestiques
Il convient également d’évoquer la question des inégalités entre hommes et femmes concernant la répartition des tâches domestiques et le rôle de chaque parent au sein du foyer.
En effet, malgré une évolution des mentalités et une législation qui tend à favoriser une meilleure répartition des responsabilités familiales, certains stéréotypes subsistent quant aux rôles et attentes des mères au foyer.
Vers une meilleure prise en compte du travail invisible des mères au foyer ?
Au-delà du débat qui a eu lieu à l’Assemblée nationale, il serait peut-être opportun de penser à une véritable reconnaissance et valorisation du travail accompli par les mères au foyer.
Cela pourrait notamment passer par la mise en place d’une rémunération symbolique pour ces femmes, ainsi que par une meilleure prise en compte de leur statut social et professionnel.
Murielle est une française expatriée en Allemagne pour raisons professionnelles. Elle travaille indirectement auprès de la banque centrale européenne à travers diverses missions de son employeur. Murielle propose sur magazine-economie.fr, des actualités liées à l’économie européenne.