Une réalité alarmante : la somme qu’il manque aux retraités chaque mois pour vivre décemment

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Ce qu'il manque aux retraités pour vivre décemment

À mesure que les prix augmentent et que les besoins évoluent, de nombreux retraités expriment une difficulté croissante à joindre les deux bouts. Malgré la revalorisation annuelle des pensions, le sentiment d’un revenu insuffisant persiste, alimenté par une inflation durable et des charges toujours plus lourdes. Une récente enquête éclaire avec précision l’écart ressenti entre le niveau des pensions et celui d’un quotidien jugé digne. Voici la somme qu’il manque aux retraités pour vivre décemment.

Une perte de pouvoir d’achat ressentie dès le départ à la retraite

La transition du salaire à la pension s’accompagne bien souvent d’un choc financier. Si les pensions sont censées compenser la baisse de revenus, elles ne remplacent qu’en partie le dernier salaire perçu, creusant un fossé entre les attentes et la réalité budgétaire des retraités.

L’enquête menée du 14 au 24 février 2025 révèle que 67 % des retraités interrogés constatent une baisse de leur pouvoir d’achat depuis leur cessation d’activité, et près de 6 sur 10 redoutent une nouvelle dégradation dans les années à venir.

Cette perception est amplifiée par l’inflation persistante et par une revalorisation des pensions jugée inadaptée aux nouvelles contraintes économiques. Les augmentations de prix dans l’énergie, la santé ou encore l’alimentation grèvent les budgets, y compris ceux des foyers propriétaires.

Combien manque-t-il aux retraités pour vivre correctement ?

L’étude CSA-Silver Alliance chiffre précisément le sentiment de manque : 531 euros mensuels en moyenne seraient nécessaires pour atteindre un niveau de vie jugé satisfaisant. Cette estimation varie en fonction de la composition du foyer :

Situation du retraitéSomme mensuelle estimée manquante
Personne seule438 €
Couple597 €
Moyenne nationale531 €
Retraités n’exprimant aucun manque22 % des sondés

Si 22 % des répondants assurent ne manquer de rien, la majorité exprime un sentiment de tension financière récurrente. Le montant estimé ne reflète pas un caprice de consommation, mais un besoin fondamental d’ajuster les revenus aux dépenses incompressibles : logement, santé, alimentation, services à domicile.

Des postes de dépense qui déséquilibrent les budgets

Malgré une forte proportion de propriétaires parmi les retraités (74 %), le logement reste un poste de dépense majeur pour ceux qui ne possèdent pas leur résidence principale. Les locataires déboursent 609 euros par mois en moyenne, un montant souvent incompatible avec le niveau des pensions, notamment dans les zones urbaines tendues.

Au-delà du logement, d’autres postes contribuent à la précarisation financière :

  • Les dépenses de santé, en constante augmentation avec l’âge
  • Les aides informelles versées à la famille : 16 % des retraités déclarent soutenir leurs enfants ou petits-enfants, à hauteur de 195 € à 291 € par mois
  • Les frais liés au maintien à domicile ou à la perte d’autonomie, qui restent mal remboursés

Paradoxalement, 56 % des retraités parviennent encore à épargner, mettant de côté environ 231 euros mensuels. Une capacité d’épargne qui témoigne de disparités fortes entre ménages, mais aussi d’une prudence face à un avenir incertain.

Une indexation sur l’inflation qui montre ses limites

En 2024, les pensions ont été revalorisées pour suivre l’évolution de l’indice des prix à la consommation. Cette mesure a permis une progression du revenu moyen des retraités, qui s’établit désormais à 2 524 euros par mois, soit une hausse de 122 euros par rapport à 2022.

Mais cette hausse, déjà absorbée par l’envolée des prix, pourrait être de courte durée : une baisse inévitable de 134 euros en moyenne menace les pensions de retraite, creusant davantage l’écart entre revenus perçus et besoins réels.

Mais cette amélioration relative ne compense pas les hausses structurelles de certaines charges. Dans les faits, 67 % des retraités interrogés affirment avoir déjà perdu en pouvoir d’achat, et 59 % anticipent une nouvelle baisse dans un avenir proche.

Benjamin Zimmer, directeur de Silver Alliance, souligne une contradiction de plus en plus visible : les retraités soutiennent financièrement leurs enfants, tout en étant eux-mêmes fragilisés par la stagnation de leur pension, dans un système de retraite par répartition qui repose précisément sur la solidarité intergénérationnelle.