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Nombreux sont les actifs installés en France ayant exercé tout ou partie de leur carrière en Suisse. Cette trajectoire professionnelle soulève une question simple en apparence : comment seront calculés leurs droits à la retraite ? Entre régimes suisses, règles françaises et accords bilatéraux, la réponse dépend de plusieurs paramètres administratifs et réglementaires. Alors, comment connaître sa pension après une retraite en Suisse ?
Comprendre le système des retraites en Suisse
Le système de prévoyance vieillesse suisse repose sur une structure en trois piliers, combinant solidarité nationale, capitalisation professionnelle et épargne privée.
Pour les démarches, le numéro AVS est indispensable. Il figure sur de nombreux documents administratifs suisses, mais peut parfois être égaré.
Pour ceux qui l’ont perdu ou n’en disposent plus, le service Swiss Serenity propose une assistance efficace pour savoir où trouver son numéro AVS, notamment pour les Français ayant quitté le territoire helvétique depuis plusieurs années.
Voici brièvement le système des 3 piliers :
- Le 1er pilier est l’AVS (assurance vieillesse et survivants) : c’est le socle du dispositif suisse. Il couvre les besoins de base des retraités et s’adresse à toute personne ayant une activité lucrative en Suisse, dès 17 ans pour les salariés
 - Le 2e pilier correspond à la LPP (loi sur la prévoyance professionnelle) : obligatoire pour les salariés à partir d’un certain seuil de revenu annuel, il complète le 1er pilier et fonctionne selon un système de capitalisation via des caisses de pension
 - Le 3e pilier est facultatif : il relève de la prévoyance individuelle et permet à chaque assuré de constituer une épargne complémentaire. Il est encouragé fiscalement et proposé par des assureurs ou des banques
 
Pour bénéficier d’une rente AVS, il faut avoir cotisé au moins une année. La rente complète dépend du nombre d’années d’affiliation (44 ans pour un homme, 43 pour une femme) et du revenu annuel moyen. En 2024, elle se situe entre 1225 et 2450 francs suisses par mois.
L’âge de départ est fixé à 65 ans pour tous depuis la réforme de janvier 2024, avec des modalités plus souples permettant une anticipation ou un report du versement.
Les relations France-Suisse en matière de retraite
Un accord bilatéral permet une coordination entre les deux systèmes de retraite. Il prévoit que chaque État calcule et verse la part de pension correspondant aux périodes cotisées sur son territoire.
Ainsi, si vous avez travaillé dix années en Suisse et vingt-cinq ans en France, vous percevrez deux pensions distinctes, calculées selon les règles propres à chaque pays.
L’accord garantit aussi que les périodes d’assurance accomplies dans les deux pays sont reconnues pour ouvrir les droits à la retraite, sans risque de lacunes. 
Cela permet notamment de remplir plus facilement les conditions d’âge ou de durée d’assurance dans l’un ou l’autre pays.
Calcul de la retraite française après une activité en Suisse
En France, le calcul de la pension repose sur deux approches différentes. L’assurance retraite applique les deux méthodes et retient automatiquement celle qui vous est la plus favorable.
- Le revenu annuel moyen est calculé à partir des 25 meilleures années de salaire perçues en France
 - Ce revenu est multiplié par un taux compris entre 37,5 % et 50 %, selon le nombre total de trimestres validés dans les régimes dits « alignés »
 - Ce montant est ensuite proratisé en fonction du nombre de trimestres français rapporté au nombre de trimestres requis pour votre génération
 
La seconde méthode, dite communautaire, consiste à additionner toutes vos périodes validées, françaises et suisses, pour estimer une retraite théorique comme si l’ensemble de votre carrière s’était déroulé en France.
Cette retraite est ensuite réduite proportionnellement à la durée réellement accomplie dans les régimes français. Le calcul est effectué par une seule des caisses de retraite françaises, qui agit au nom des régimes alignés.
Liquider ses droits après une carrière transfrontalière
Pour demander la liquidation de vos pensions, il faut vous adresser à deux interlocuteurs distincts. La retraite française s’effectue via les canaux classiques, notamment le portail info-retraite.fr ou directement auprès de la Carsat. 
Mentionnez dès le départ vos périodes suisses afin qu’elles soient intégrées au calcul.
La rente AVS est à solliciter auprès de la caisse de compensation suisse compétente. Si vous résidez en France, la Carsat peut transmettre votre demande aux autorités helvétiques.
Pour la prévoyance professionnelle (2e pilier), la démarche est à effectuer directement auprès des institutions de prévoyance concernées. Si vous avez perdu la trace de vos caisses, un registre central (la Centrale du 2e pilier à Zurich) peut vous aider à les identifier.
Les délais de traitement sont parfois longs. Il est recommandé d’initier les démarches six à neuf mois avant la date prévue de départ pour éviter toute interruption de revenu.
Maman d’une petite fille, j’écris sur des sujets liés à la grande distribution, la finance, l’économie et l’investissement.