Hausse de 1,7 % du RSA : 7 départements qui refusent de payer au 1er avril, pourquoi ?

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Certains départements refusent de payer l'augmentation du RSA en avril

Le RSA sera bien revalorisé de 1,7 % au 1er avril 2025. Mais cette augmentation, pourtant actée au niveau national, ne fait pas l’unanimité dans les territoires. Soixante-huit départements annoncent qu’ils ne financeront pas cette hausse, dénonçant une décision imposée par l’État sans compensation financière. Derrière ce refus, une contestation plus large prend forme : celle d’un déséquilibre persistant entre les responsabilités sociales confiées aux collectivités et les moyens budgétaires dont elles disposent. En ligne de mire : la chute des recettes liées à l’immobilier, la progression continue des dépenses sociales et un dialogue de plus en plus tendu avec l’exécutif. Ce bras de fer inédit relance le débat sur la capacité des départements à soutenir les politiques de solidarité sans un soutien renforcé de l’État. Voici les départements qui refusent l’augmentation du RSA et quelles en sont les raisons.

Les départements dénoncent une charge imposée sans compensation

Le groupe Droite, Centre et Indépendants, qui rassemble une majorité de départements ruraux et périurbains, reproche au gouvernement de leur imposer des décisions budgétaires sans consultation.

Selon leurs termes, ils refusent de financer « toute dépense nouvelle ou supplémentaire décidée unilatéralement par l’État ». Ils estiment que cette revalorisation du RSA relève de cette logique.

Le contexte budgétaire est tendu et les départements doivent composer avec des recettes en forte baisse, principalement liées à l’effondrement des droits de mutation perçus lors des transactions immobilières.

Parallèlement, l’inflation renchérit les dépenses sociales, notamment les allocations individuelles de solidarité. Les dépenses supplémentaires liées aux aides sociales sont évaluées à un milliard d’euros pour l’année 2025.

Plusieurs collectivités rappellent que le RSA, depuis sa décentralisation en 2004, représente un poids croissant sur leurs finances.

Jusqu’à présent, elles en assuraient le financement via les caisses de la CAF et de la MSA. L’annonce de la revalorisation, sans compensation intégrale, est perçue comme une atteinte au principe de libre administration des collectivités territoriales.

Le mouvement de contestation concerne notamment :

  • Alpes-Maritimes
  • Marne
  • Somme
  • Oise
  • Seine-et-Marne
  • Bas-Rhin
  • Vosges

Ces départements affirment qu’ils ne verseront pas les sommes supplémentaires à la CAF. La revalorisation de 1,7 % du RSA sera donc assurée sans leur participation financière, du moins dans l’immédiat.

Une hausse bien appliquée, malgré le désengagement des départements

Malgré la fronde, les allocataires du RSA ne verront pas leur versement bloqué ni amputé. La revalorisation de 1,7 % interviendra bien au 1er avril 2025, sur l’ensemble du territoire. Les caisses d’allocations familiales ont confirmé qu’elles procèderaient à la mise à jour des droits, quelle que soit la position des conseils départementaux.

Le financement provisoire sera assuré par les CAF, en attendant qu’une solution soit trouvée entre l’État et les collectivités. Le gouvernement n’a pas précisé à ce stade si une compensation financière ou une avance budgétaire serait envisagée pour combler ce différentiel.

Voici les nouveaux montants mensuels revalorisés à compter du 1er avril 2025, selon la composition du foyer :

Composition familiale Montant au 31 mars 2025 Montant à partir du 1er avril 2025 Différence
Personne seule 635,71 € 646,52 € +10,81 €
Personne seule avec un enfant 953,57 € 969,77 € +16,20 €
Personne seule avec deux enfants 1 144,28 € 1 163,21 € +18,93 €
Couple sans enfant 953,57 € 969,77 € +16,20 €
Couple avec un enfant 1 144,28 € 1 163,21 € +18,93 €
Couple avec deux enfants 1 334,99 € 1 356,65 € +21,66 €
Couple avec trois enfants 1 589,27 € 1 616,29 € +27,02 €

La question de fond reste entière : les collectivités locales peuvent-elles durablement assumer seules le financement d’une politique nationale de lutte contre la précarité ? À l’heure où les arbitrages budgétaires se font de plus en plus rigoureux, le RSA cristallise une fracture entre responsabilités locales et décisions étatiques.