Choc pour les retraités : pourquoi la pension de réversion pourrait bientôt disparaître?

suppression pension réversion
Vers la suppression de la pension de réversion

Un pan entier du système de retraite français s’apprête à vaciller. La pension de réversion, soutien financier indispensable pour des millions de veufs et veuves, pourrait bientôt devenir inaccessible à une large partie d’entre eux. Derrière un projet gouvernemental présenté comme une mesure de justice sociale, c’est une logique de sélection par les revenus qui s’installe. Le montant perçu ne dépendra plus seulement du lien marital ou de l’âge, mais sera désormais conditionné par un seuil de ressources. Dans cette reconfiguration silencieuse, nombre de retraités modestes risquent de passer sous les radars de l’éligibilité. À quelques mois de son entrée en vigueur, la réforme soulève une question fondamentale : à qui la pension de réversion est-elle encore destinée ?

Une réforme recentrée sur les revenus

Le principal axe de transformation dans la nouvelle réforme des pensions de réversion réside dans la prise en compte des ressources du demandeur. Jusqu’à présent, les critères d’attribution de la pension de réversion dépendaient principalement de l’âge et du statut matrimonial.

À partir de 2025, le revenu brut annuel deviendra un élément décisif. Deux plafonds ont été arrêtés :

  • 24 710,40 € pour une personne seule
  • 39 536,64 € pour un couple

Ces seuils incluent l’ensemble des ressources du foyer : pensions de retraite, loyers, rentes, produits financiers.
Toute personne dépassant ces montants verra sa demande rejetée, quel que soit le montant de la pension du conjoint décédé.

Les retraités disposant de petites pensions, mais ayant mis de côté ou bénéficiant de revenus de patrimoine, risquent d’être écartés.

L’État justifie cette révision par la nécessité de cibler l’effort public vers les foyers « vraiment fragiles ».

Cette approche budgétaire soulève toutefois des questions d’équité, notamment pour les retraités vivant seuls, dans des zones à coût de la vie élevé, ou assumant des charges importantes non prises en compte dans le calcul des ressources.

Voici un tableau synthétique des modifications à venir :

Critère Avant réforme À partir de 2025
Plafond de ressources Non appliqué de manière uniforme 24 710,40 € pour une personne seule
39 536,64 € pour un couple
Statut matrimonial requis Mariage ou ex-conjoint non remarié Ajout d’une durée minimale de mariage
Formes d’union reconnues Seuls les conjoints mariés Ouverture très limitée aux PACS/concubinage
Démarches administratives Multiples caisses à contacter Guichet unique national
Âge minimum 55 à 60 ans selon les régimes Sans changement annoncé

Un accès restreint pour les ex-conjoints

Les personnes divorcées, jusqu’ici éligibles sous réserve de ne pas s’être remariées, feront face à de nouvelles contraintes.

Le projet de réforme introduit une exigence de durée minimale de mariage. Cette condition, qui n’existait pas auparavant, vise à restreindre les pensions perçues à la suite de mariages jugés trop courts.

Si la mesure entend prévenir des situations opportunistes, elle pourrait aussi frapper des retraités ayant partagé une vie conjugale significative, mais interrompue il y a des décennies.

La complexité des parcours matrimoniaux, souvent marqués par des séparations tardives, se heurte ici à une grille rigide.

En parallèle, les partenaires liés par un PACS ou vivant en concubinage restent globalement exclus du dispositif.

Une aide désormais réservée à un public restreint

Parmi les annonces accompagnant cette réforme, l’État promet une simplification des démarches. Un guichet unique, mutualisant les différents régimes, sera mis en place pour fluidifier les procédures et limiter les délais d’instruction.

Cette évolution devrait notamment bénéficier aux conjoints de fonctionnaires, artisans ou indépendants, souvent confrontés à des parcours administratifs éclatés.

Mais cette avancée organisationnelle masque une réalité plus sévère : la pension de réversion devient une aide sociale conditionnée.
En la réservant aux foyers en dessous des seuils fixés, le dispositif abandonne sa logique contributive pour se rapprocher d’une prestation assistée.

Cette évolution suscite des tensions et des associations telles que la Fédération générale des retraités de la fonction publique dénoncent un recul déguisé des droits sociaux.

Pour elles, cette réforme déconnecte la réversion de la carrière du défunt, au profit d’une évaluation uniquement centrée sur la situation du survivant.

Dans les faits, la suppression progressive de la pension de réversion pour de nombreux retraités semble actée.